Notre Dame de Pontmain...
UN HAUT LIEU MARIAL D'HIER ET D'AUJOURD'HUI
PONTMAIN
PROVINCE DU MAINE
Il existe en France, quatre lieux d'apparitions de la Vierge, officiellement reconnues par l'Eglise :
PARIS, à la chapelle rue du Bac, le 19 juillet 1830, à Catherine Labouré, une religieuse canonisée en 1947.
LA SALETTE (Isère) à Mélanie Calvat, le 19 septembre 1846.
LOURDES - 18 apparitions entre le 11 février et le 16 juillet 1858, à
Bernadette Soubirous, canonisée en 1933
ET....
PONTMAIN (Mayenne) le 17 janvier 1871 à sept petits enfants...
Retrouvons le récit de cette apparition...
L'APPARITION
C'était au soir du 17 janvier 1871, à la tombée du jour.
Eugène et Joseph Barbedette, âgés de 12 et 10 ans, avaient priés dès le matin pour la France et pour les soldats en campagne. Ils avaient prié, comme on priait , à Pontmain, depuis le début des malheurs de la guerre, sous l'inspiration du vénérable et pieux abbé Guérin , curé de la paroisse. Ils avaient priés d'une ferveur spéciale à l'intention de leur grand frère, Auguste alors parti pour l'armée et dont on restait sans nouvelles. En ce moment, ils étaient dans la grange, occupés avec leur père à piler les ajoncs, sous l'incertaine et fumeuse clarté d'une résine.
Depuis une demi-heure, ils travaillaient ainsi, quand Jeanette Détais entra dans la grange et vint leur parler. Cette femme était l'ensevelisseuse des morts : en accomplissant, ce jour là, son pénible métier dans un village voisin, elle avait recueilli quelques nouvelles et les donnait à ceux que le doute angoissait sur le sort d'un parent. Par la porte qu'elle venait d'ouvrir, Eugène sortit...
Tout à coup dans le ciel...
l'enfant aperçut une Dame immobile au dessus du toit de la maison Guidecoq et qui le fixait en souriant. Les traits de la céleste Dame étaient si beau, son regard était si doux, que l'enfant ne fut point effrayé du prodige et continua, paisiblement ravi d'une heureuse émotion, de contempler la mystérieuse figure.
Un instant plus tard, à Jeanette Détais qui sortait de la grange, il demanda si elle ne voyait rien dans le ciel. Jeanette avec un certain étonnement, répondit qu'elle n'y découvrait rien du tout.
Ce dialogue attira sur le seuil, le père Barbedette et Joseph, et celui ci, à peine dehors, de s'écrier joyeux : Holà ! oui, je vois une belle grande dame !
Cependant, leur père, aux yeux de qui cette apparition demeurait invisible, finit par déclarer aux enfants qu'ils devaient se tromper et leur enjoignit de rentrer dans la grange. Il demanda également à Jeanette de ne souffler mot de cet incident , que dans le village, on pourrait trouver ridicule...
Cette apparition divine absorbait le cœur et l'esprit des enfants, tandis qu'obéissants à l'ordre de leur père, ils pilaient les ajoncs. Mais bientôt, le père lui-même, anxieux et troublé, dit à l'aîné de ses fils d'aller voir de nouveau si la belle Dame était encore là. "Oh ! oui papa", s'écria Eugène, à peine sorti, "c'est toujours la même chose !" "Alors va chercher ta mère"....
La mère arriva bientôt.
Elle commença par rudoyer le petit Joseph dont la joie, s'échappant en cris de bonheur, attirait les voisins...Puis aux pressantes questions de ses enfants, elle répondit, après avoir bien regardé, que ses pauvres yeux n'apercevaient rien. Toutefois, comme elle avait confiance en la loyauté de ses fils, elle ne savait que trop penser. Alors, chrétienne, elle eut recours au moyen suprême, à la prière : on rentra dans la grange, on se mit à genoux, on récita cinq Pater et cinq Ave...
"Maman, c'est tout pareil !" Telle fut, dès leur premier pas au dehors après cet acte pieux, la commune exclamation, ravie, des enfants.
Cependant, aux yeux des parents, la céleste vision restait toujours cachée. La mère essuya ses lunettes ; ce fut en vain, le firmament ne lui découvrit point la miraculeuse image. Alors peut-être un peu dépitée : "Allons, dit-elle à ses enfants d'un ton sec, vous ne voyez rien du tout. Achevez le travail et venez souper." et sur ces mots, elle rentra... Eugène et Joseph avaient le cœur bien gros, quand, leur travail fini, ils s'en vinrent souper : cependant, ils n'eurent point de peine à obtenir, de leurs parents malgré tout émus et inquiets, la permission de ressortir.... La belle Dame était toujours immobile au milieu du ciel, et leur souriait toujours : à genoux sur la neige, dont ils ne sentaient point la morsure glacée, les enfants prièrent, puis au bout d'un instant, ils regagnèrent la maison.
"De quelle grandeur est la belle Dame ?" interrogea leur mère.
"Elle est grande comme sœur Vitaline." Ce mot fut un trait de lumière. " Allons chercher sœur Vitaline !" et Eugène et sa mère, immédiatement, s'en furent auprès de sœur Vitaline, une religieuse humble et dévouée, qui faisait la classe aux enfants. Bientôt, sœur Vitaline arriva devant la grange. Mais décidément, la céleste apparition ne se révélait qu'aux deux enfants. Aux yeux de la soeur elle-même, elle fut invisible...
Toutefois, tandis que la religieuse rentrait, une inspiration du ciel éclaira son esprit : les Sœurs avaient trois jeunes pensionnaires ; elle les envoya, sous la conduite de Mme Barbedette, auprès des deux petits garçons qui affirmaient si fort apercevoir une belle Dame au milieu du ciel. Quelques instants plus tard, avec sa compagne en dévouement, la Sœur Marie-Edouard, elle vint les rejoindre ; à peine arrivée près de la grange, elle entendit des paroles émues, des cris de joie : deux des fillettes contemplaient l’apparition.
Françoise Richer, âgée de onze ans, et Jeanne-Marie Lebossé, âgée de neuf, aussitôt parvenues devant la grange, avaient jeté la même exclamation ravie : « Oh la belle Dame, avec une robe bleue… » Les deux enfants, tout de suite, avaient décrit les détails merveilleux racontés par les petits Barbedette.
De plus en plus, l’émotion gagnait les quelques personnes groupées. La vérité de l’apparition pénétrait dans les esprits et dans les cœurs, y portant ce trouble religieux dont le mystère est accompagné. On résolut de prévenir le curé de la paroisse et la Sœur Marie-Edouard, emmenant Eugène avec elle, s’empressa vers le presbytère. Cependant, les voisins s’amassaient, formaient le cercle, interrogeait les enfants privilégiés.
Trois étoiles brillaient d’un plus vif éclat dans le ciel, enveloppant d’un triangle parfait la tête et les épaules de la belle Dame : aperçues de tout le monde, elles servaient de points de repère aux témoins de cette inoubliable scène. Avant que le curé ne fût arrivé près des enfants, l’on se mit à réciter des prières ; un pieux sentiment les faisaient monter spontanément, du cœur au lèvres.
Entre temps, l’on pressait de questions les petits enfants qui répondaient toujours, sans jamais se contredire, et sans détourner les yeux du visage harmonieux et pur qui leur souriait.
Peu à peu, la nouvelle répandue avait fait courir tout le village ; et lorsque le vénérable abbé Guérin , conduit par Eugène et la Sœur Marie Edouard, fut parvenu, tremblant de surprise et d’émoi, devant la grange Barbedette, il aperçut la population (quatre-vingt personnes environ) tout entière assemblée dans ce lieu.
A cet instant, se place un premier changement dans le prodige…
Au moment où M. le curé s’approchait de la grange, une petite croix rouge, de sept à huit centimètres, se forma instantanément sur le cœur de la belle Dame. (écrit dans son récit d’un voyant par Joseph Barbedette)
Avec la même rapidité, et en même temps, un cercle ou plutôt un ovale, se dessina autour de labelle Dame, large de dix à douze centimètres, d’un bleu plus foncé que celui de la robe. L’ovale entourait la vision à la distance de cinquante centimètres environ, laissant en dehors les trois étoiles du triangle. Quatre bobèches simples, fixées à l’intérieur de l’ovale, portaient quatre bougies, deux à la hauteur des épaules, deux à la hauteur des genoux. Ces bougies n’étaient pas allumées.
L’apparition n’avait pas fait un mouvement, elle nous regardait toujours avec un sourire céleste.
« Voilà quelque chose qui se fait ! » s’étaient écrié les quatre enfants, tous ensemble.
Dans le même temps, la petite Eugénie Boivin, portée dans les bras de sa mère, avait battu des mains, ouvrant les yeux tout grand vers l’apparition et bégayant : « Le Jésus ! le Jésus ! »
Soudain, les enfants furent consternés : « La voilà tombée en tristesse ! » Ils avaient vu en effet, le sourire, effacé du radieux visage, y faire place au chagrin…
Ce mot ramena le silence. On se rapprocha des enfants. Alors à les voir groupés, on s’imagina qu’ils pouvaient s’entendre. On les sépara donc. Mais à ceux d’entre eux qu’on avait éloignés, un mur cachait la belle dame et peu à peu chacun reprit son poste premier, et les discussions continuaient toujours. Enfin le curé les apaisa par un mot qui fit rentrer chacun dans son for intérieur : " Si les enfants voient la Sainte Vierge, c’est parce qu’ils sont plus dignes que nous."
La prière dès lors, remplaça les inutiles commentaires : On commença par réciter le chapelet…
LES MESSAGES
On avait terminé le chapelet…
Sur l’ordre du curé, la Sœur Marie Edouard entonna le Magnificat.
« Voilà quelque chose qui se fait ! » Un seul cri, formé de quatre petites voix, avait jeté cette exclamation qui, sur les lèvres entr’ouvertes, arrêtant le chant religieux, mit une ardente et pieuse interrogation.
Les enfants expliquèrent ce qu’ils voyaient encore : une grande banderole blanche bien tendue, formant un rectangle parfait venait d’apparaitre au-dessous des pieds de la belle Dame.
Le chant reprit, mais le cantique de Marie fut souvent interrompu par les quatre enfants, car tandis que s’égrenaient les versets du Magnificat, une invisible main traçait sur la banderole, en lettre d’or un message céleste.
« MAIS PRIEZ MES ENFANTS »
Puis le céleste écrivain s’arrêta.
Les discussions allaient bon train. Parmi tous ces débats, la conviction pénétrait, plus profonde et plus sûre, au fond des esprits et sur l’ordre du vénérable abbé Guérin, on se mit à chanter les litanies de la Sainte Vierge.
La belle Dame, sans doute, attendait qu’on priât car aussitôt les litanies commencées, elle enjoignit à l’esprit qui traçait les mots de continuer le message divin…
Lentement, une à une, et toujours annoncées par les quatre enfants, les lettres suivantes vinrent ajouter cette phrase nouvelle à la première phrase :
« DIEU VOUS EXAUCERA EN PEU DE TEMPS »
La promesse énoncée dans cette dernière inscription avait soulevé tous les cœurs d’une invincible espérance et les assistants s’écriaient, transportés, joyeux, reconnaissants : « c’est fini ! la guerre va cesser ; nous aurons la paix… »
« Mais priez » interrompit Eugène Barbedette, évoquant les premiers mots du céleste message. Et l’on poursuivit la prière avec une foi redoublée, avec une confiance irrésistible.
« Voilà encore quelque chose qui se fait ! »
L’invisible écrivain des messages de Marie traçait une autre ligne au-dessous de la première…
Les quatre enfants, épelèrent M,O,N,F,I,L,S,…. ; MON FILS…
Or, au moment même où le mot « fils » était achevé, la foule chantait cette invocation : O mater alma christi carissima ! L’émotion fut profonde et vive. Jusque là, on avait pu demeurer incertain sur la personnalité de l’apparition ; maintenant le doute était bien dissipé : c’était évidemment, la Sainte Vierge.
Et chacun répétait, la joie au cœur et les larmes aux yeux : « La Sainte Vierge ! c’est la Sainte Vierge. » Et des âmes émues, monta vers les cieux le Salve Regina.
Pendant ce temps, sur la banderole, aux pieds de Marie, les enfants voyaient d’autres mots apparaître. A la fin du Salve Regina, ils pouvaient lire :
« MON FILS SE LAISSE TOUCHER »
Un gros trait d’or, soulignant cette phrase, annonçait la fin du message céleste. On ne chantait plus ; on interrogeait les enfants, les petits privilégiés de la Sainte Vierge ; on leur faisait mille fois répéter, tour à tour, l’ensemble des deux lignes et chacun des détails. Et mille fois, ils relurent, sans jamais se contredire et sans jamais y changer un seul mot, l’inscription remplie de si douces promesses.
Après quelques temps, le curé pria la Sœur Marie-Edouard d’entonner un nouveau cantique. Et la Sœur se mit à chanter : Mère de l’espérance…, une harmonieuse et suppliante invocation que tous les jours, depuis les débuts de la guerre, on avait adressé, dans l’humble église paroissiale, à la Vierge Marie.
« Aussitôt, (propos d’ Eugène) la Sainte Vierge, qui jusqu’alors avait tenu les mains abaissées vers nous, les éleva à la hauteur des épaules. Les coudes étaient légèrement appuyés sur les côtés, les mains étaient un peu inclinées en arrière, la paume tournée vers nous. Le bras gauche, ainsi relevé ne cachait pas la petite croix rouge qui se trouvait sur le cœur. La Sainte Vierge souriait en nous regardant, du plus beau sourire que nous ayons pu contempler pendant toute l’apparition. »...
QUEL ETAIT LE CONTEXTE HISTORIQUE AU MOMENT DE L’APPARITION
La guerre franco-prussienne, commencée le 19 juillet 1870 et terminée le 28 janvier 1871, fut une guerre terriblement meurtrière.
Après la déroute de Sedan, le 2 septembre 1870, la « guerre à outrance » décrétée par le gouvernement qui avait proclamé la déchéance de Napoléon III, ne put rien contre l’avance allemande.
La situation était critique à Paris, dont le siège et le blocus duraient depuis le 12 septembre, obligeant les Parisiens affamés à manger les rats.
Les Prussiens filaient vers la Bretagne ; et après la prise du Mans, le 12 janvier1871, le 17, ils arrivaient aux portes de Laval. La panique s’emparait de la population, car aux misères de la guerre s’ajoutait une épidémie de fièvre typhoïde. Or au lieu de serrer les rangs, la désorganisation était à son comble dans l’armée française, en raison de la zizanie politicienne. Ainsi, Henri de Cathelineau, petit-fils de Jacques Cathelineau, avait levé un corps de volontaires vendéens, qui avait été placé sous les ordres du général Chanzy, commandant l’armée de la Loire. Nommé général de brigade, il avait reçu l’ordre, avalisé par le gouvernement, de tenir la ligne Château-Gontier – Angers, le long de la Mayenne.
Mais le préfet d’Angers, alors que les prussiens menaçaient l’Anjou, se dressa contre lui : « C’est le drapeau blanc (il s’agissait en fait d’un étendard marial (bleu ciel) frappé d’un Sacré-Cœur) que vous levez, Monsieur de Cathelineau ; je ne puis d’aucune façon me plier à vos désirs (…). Vous parlez dans votre déclaration de la Sainte Vierge, mais c’est le paroxysme religieux ; ne parlez pas de la Sainte Vierge ! »
Ce fut dans ce contexte déplorable, alors que la France humiliée semblait perdue, que la Sainte Vierge si méprisée par le préfet d’Angers, intervint…. (Philippe de Cathelineau « Quand Marie visite la France »